À Toulouse le jeune Mamady* a reçu la semence de l’Évangile dans son cœur, en discutant avec Luc Massou, dans le cadre d’une activité de jardin potager.
Tout commence en Guinée pour Mamady qui est né et a grandi une partie de sa vie dans ce pays. Il appartient à l’ethnie des Soussous, composée d’environ un million de personnes, principalement réparties à l’ouest de la Guinée, mais également présentes en Guinée-Bissau et en Sierra Leone.
Comme la quasi-totalité des Soussous, Mamady est né musulman. Son père est imam dans un petit village. Lors de son adolescence, son père a voulu l’envoyer dans un daara, une école coranique, pour étudier les textes sacrés de l’islam. Mais Mamady était attiré par d’autres horizons et avait lié d’amitié avec des chrétiens de son âge qui vivaient au village. Un dimanche, il a voulu suivre ses amis et participer au culte de leur petite Église. Ses frères l'ayant vu l’ont aussitôt dénoncé à leur père. Plus que des remontrances, celui-ci, en guise de punition, a violenté Mamady et l’a séquestré plusieurs mois dans un cabanon. Mais le jeune garçon a pu s’échapper. Sans espoir face à la radicalité de sa famille, il a alors décidé de fuir le pays et est entré dans la filière des passeurs pour se rendre en Europe.
un terrible périple et un jardin paisible
Le moins que l’on puisse dire, c’est que son périple depuis la Guinée jusqu’à la France a été traumatisant. « Plus que la traversée de la Méditerranée sur des embarcations de fortunes, c’est le passage dans le désert qui a choqué Mamady, raconte Luc. Ce qu’il a vécu a été très dur et il en porte encore aujourd’hui des séquelles physiques et surtout émotionnelles. » En effet, le jeune homme a vécu la faim, ne mangeant pas pendant plusieurs jours alors que les conditions météorologiques étaient extrêmes. « Plusieurs sont tombés en cours de route, détaille Luc. Voir ses compagnons de route mourir les uns après les autres a été particulièrement difficile pour lui. »
Depuis un an en France, Mamady est hébergé dans un centre d'accueil pour demandeurs d'asile autour de Toulouse. Il a rencontré Luc et Carolina, son épouse, grâce à leur ministère -Bla +Cœur qui les mène dans ces structures pour travailler auprès des réfugiés. Sur place, ils proposent des activités avec ces hommes et femmes en transit, dans le but de créer du lien et de leur partager un message d’espérance.
C’est avec une grande joie que Mamady prend part aux activités que l’association propose : foot, musique, et jardin potager ! C’est à travers cette dernière que Luc et Mamady ont appris à se connaître, comme l’explique Luc : « En travaillant la terre et en cultivant ensemble, le jardin devient un espace où l’on peut approfondir les relations. C'est ce qui s'est passé avec Mamady. »
C’est un outil que Luc aime utiliser dans l’accompagnement des migrants : « jardiner est une activité porteuse d’espoir pour ces personnes qui cherchent à reconstruire leur vie. Il faut bien comprendre qu’ils sont dans une attente anxiogène. Ils savent que leur avenir est suspendu à une décision administrative qui ne leur appartient pas, et ils ne sont pas maîtres du temps. Ils n’ont pas la possibilité de travailler légalement, et du coup ils sont rendus passifs, ce qui génère de la détresse psychologique chez certains. Mais ce jardin les responsabilise puisque la récolte est pour eux. » Dans un endroit où se côtoient des nationalités et des cultures très antagonistes, le jardin potager est en quelque sorte un bien commun qui fédère ces personnes. Un lieu de paix pourrait-on dire.
Une soif spirituelle qui mène Mamady à une rencontre avec Jésus
Dans ce cadre plus serein, Luc a très vite vu chez Mamady un cœur pour l’Évangile, ce qui les a assez naturellement menés à commencer un parcours découverte pour présenter les éléments essentiels de la foi chrétienne. Le français encore balbutiant de Mamady freine la progression dans le parcours, mais Luc a trouvé un moyen de faire comprendre le message à Mamady. « En fait, nous faisons ce parcours lorsque nous jardinons. Le jardin est un univers qui est facilement transposable à la vie spirituelle, et d’ailleurs Jésus l’a utilisé dans ses paraboles. Par exemple, pour expliquer le péché à Mamady, je lui montre les mauvaises herbes qui poussent naturellement dans la terre, au milieu des bonnes plantes. La terre c’est notre cœur, il faut en prendre soin, il faut le travailler pour ne pas qu’il s’endurcisse, il faut l’arroser. Mais il n’y a que Jésus qui peut déraciner les mauvaises herbes. »
À ce jour, Mamady montre beaucoup de joie à suivre ce parcours. Il va aux activités de l’Église locale de manière assidue, manifeste une vraie soif pour Jésus-Christ, et envisage désormais son Baptême. Même s’il espère que son avenir s’éclaircira rapidement, il comprend jour après jour que son éternité est ce qu’il y a de plus important et qu’il peut être scellé dès maintenant, en réponse à l’amour de Christ pour lui. Cette rencontre avec Jésus en jardin potager est peut-être le moment le plus important de la vie du jeune migrant.
Auparavant missionnaires en Argentine, Luc et Carolina Massou sont depuis 3 ans à Toulouse, en lien avec l’Église Baptiste Toulouse Métropole, et ont fondé l’association -Bla +Cœur. Ils sont reconnaissants de la possibilité de visiter les migrants dans quatre structures d’accueil et d’accompagner ceux qui le souhaitent dans la découverte de la foi chrétienne. Récemment, un Soudanais a fait également profession de foi, mais vit le défi d’avoir un voisin de chambre musulman qui contrôle tout, ce qui le restreint dans sa vie de nouveau disciple. De même, Luc et Carolina ont des liens avec des Afghans, avec qui ils ont déjà ouvert la Bible pour discuter, mais la méfiance au sein de leur communauté rend l’accompagnement délicat.
Priez pour que Dieu continue à semer la foi dans le cœur de ces étrangers en transit afin qu'ils saisissent la citoyenneté céleste qui leur est proposée.
* Prénom changé par mesure de sécurité
SIM France-Belgique est une organisation missionnaire évangélique qui place des collaborateurs parmi des populations qui n'ont pratiquement aucune opportunité d'entendre parler de l'Évangile de Jésus dans but de leur partager l'espérance chrétienne et de répondre à leurs besoins.
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