Les 16 et 17 février derniers, l'événement Propulsion s'est tenu pour la première fois en Guadeloupe. Retour sur cette rencontre jeunesse inédite avec le pasteur Harry Montrésor.
Bonjour Harry. Vous êtes chrétien, vous êtes Guadeloupéen, vous avez 47 ans, et vous êtes marié. Quel ministère Dieu vous confie-t-il actuellement dans ce DOM ?
Je suis pasteur d'une petite Église dans la ville des Abymes, plus précisément à Grand-Camp, en périphérie urbaine. Je suis aussi responsable d'un groupe de jeunes réunissant des jeunes de deux Églises Baptistes, celle de Grand-Camp et celle de Baie-Mahault. Je suis aussi pasteur des jeunes au sein de la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes de la Guadeloupe.
Les 16 et 17 février derniers, a eu lieu sur l’archipel, un événement inédit : Propulsion. Une première. Quel était le but de cet événement ? Qui ciblait-il ?
Le public visé était particulièrement les jeunes, même si je pense que tout le monde devrait se sentir concerné par la mission. Le but était de sensibiliser, d'interpeller, et je l'espère profondément, de susciter l'envie de s'engager pleinement pour Dieu.
En tant que pasteur jeunesse, vous avez été invité à en faire partie. Racontez-nous brièvement comment ce projet est né ?
L'événement Propulsion s'était déjà produit dans l'Hexagone au sein de l'Église Baptiste de Pontault-Combault (ndlr : 2 fois, en 2020 et 2023). Le trait d'union entre ce projet et la Guadeloupe c'est un couple missionnaire dans les personnes de Pierre et France-Lyne Balon. Ils sont guadeloupéens, vivant depuis plusieurs décennies en métropole, et membres de l'Église Baptiste de Pontault-Combault. Ils nous ont parlé de ce projet qu'ils avaient déjà vécu et de la perspective de le réaliser en Guadeloupe, et nous avons tout de suite ressenti que cela venait du Seigneur.
Vous n’aviez pas de doutes sur cet événement, du coup. Un peu d’appréhension ?
Comme je l'ai dit dans ma précédente réponse, personnellement j'ai tout de suite cru à ce projet. Parce que je savais qu'il ferait du bien à notre jeunesse.
Il y avait tout une délégation avec les créateurs de Propulsion, venus de l’hexagone pour cet événement. Racontez-nous votre lien avec eux.
Pour ma part je connaissais bien Manu Renard et Benjamin Short, et également Pierre et France-Lyne Balon, puisque j'ai été moi-même membre de l'Église de Pontault pendant environ 5 années. Je connaissais leur implication dans la mission et dans l'œuvre du Seigneur de manière plus générale. C'était avec beaucoup de joie que je les ai revus, après 13 années.
L'unité a très probablement résisté parce qu'on y croyait tous. L'événement a été une réussite, mais aussi la collaboration avec les autres unions d'Églises.
De toute évidence, cet événement a été une réussite, tant par le nombre de participants (350), que par la qualité de l’organisation et des messages, et l’unité qui a régné entre les unions d’Églises représentées. Quel regard portez-vous sur ce qui s’est passé, il y a quelques jours maintenant ?
Les mots qui définiraient le plus mon regard, sont émerveillement, satisfaction et reconnaissance au Seigneur. On s'est beaucoup donnés pour organiser cet événement malgré un laps de temps assez court. D'abord, parce qu'on y croyait vraiment. Et ensuite, nous nous sommes vu surmonter des obstacles par la foi. L'unité a très probablement résisté parce qu'on y croyait tous. L'événement a été une réussite, mais aussi la collaboration avec les autres unions d'Églises.
Un bon nombre de jeunes ont manifesté leur désir, soit de découvrir un peu plus ce que c'est la mission, soit de "tenir la corde".
La jeunesse guadeloupéenne va-t-elle passer à l’action – c’était le slogan de l’événement – comme les Balon et Astorga qui ont osé dire « nous voici, envoie-nous » au Seigneur ?
J'étais responsable des conseillers lors de l'événement (ndlr : ceux vers qui les jeunes ont été invités à se tourner, s’ils avaient des questions), c'est donc moi qui aie récupéré toutes les fiches de suivi. Un bon nombre de jeunes ont manifesté leur désir, soit de découvrir un peu plus ce que c'est la mission, soit de « tenir la corde » (image pour dire soutenir la mission).
C’est encourageant ! Revenons sur la Guadeloupe : est-ce que travailler ensemble, au niveau des unions d’Églises est quelque chose de commun sur place ? Ce projet a-t-il suscité des réticences de part et d’autre ? Et si oui, avez-vous noté un changement depuis que Propulsion est passé, une ouverture ?
Avant Propulsion, il y avait des rapprochements entre certaines Églises, surtout au travers de la création du CNEF départemental 971, mais avant aussi. Nous avions déjà fait une marche pour Jésus dans les rues de Pointe-à-Pitre en 2022 rassemblant plus de 6000 chrétiens. Mais on n'avait jamais aussi étroitement collaboré dans un projet jeunesse. C'est un bon début ! On n'a pas toujours les mêmes fonctionnements mais je pense que la collaboration avec Propulsion nous a mis en confiance. J'ai hâte de repartir sur de tels projets avec les autres unions d'Églises. Des réticences il y en aura encore mais pas pour toujours. On avance avec ceux qui sont OK en espérant que les autres oseront s'affranchir des différences pour vivre l'unité... pour la gloire de Dieu.
Du fait de notre insularité, on a toujours l'impression que tout est très loin.
Comment décririez-vous l’état des Églises guadeloupéennes sur la question de la mission au loin ? Se sentent-elles concernées ? Un événement comme Propulsion était-il nécessaire pour éveiller les consciences ?
Du fait de notre insularité, on a toujours l'impression que tout est très loin. Mais au-delà de ça les Églises, me semble-t-il, sont plus préoccupées par faire de bons citoyens que de véritables missionnaires. Si un jeune grandit, se marie dans l'Église avec une « sœur », s'il a une assistance régulière aux réunions, s'il est bien impliqué dans la vie de son Église, c'est une réussite. S'il devient pasteur, c'est le petit pompon sur le chapeau. L'idée d'un engagement total, sans se soucier du lendemain, reste encore une idée abstraite. C'est peut-être pour ça que l’évangile de la prospérité qui pullule a tant de succès en Guadeloupe. Ce sont pour toutes ces raisons que j'ai pensé et que je pense encore que l'événement Propulsion était nécessaire pour faire lever le regard un peu plus haut et un peu plus loin que l'horizon.
On pourrait se dire, en effet, que les problèmes que rencontrent les Églises dans ce Département d'Outre-Mer, notamment avec le manque de pasteurs, associé à l’insularité caractéristique d’une île, empêche l’Église de voir ce que Dieu l’appelle à faire à l’extérieur !
Entre autres ! Mais il y a d'autres facteurs, même de nombreux autres. Je ne pourrais pas tous les développer dans cet interview, le temps manquerait. Je pense cependant que si les pasteurs et ceux qui enseignent étaient convaincus par la mission au loin et l'enseignaient avec leurs tripes, beaucoup de jeunes gens se lèveraient. Propulsion s'adressait aux jeunes, mais je pense que beaucoup de responsables d'Églises ont besoin de comprendre l'enjeu de la mission. Et je m'y inclus bien sûr, je ne donne pas de leçon.
Selon le cœur que j'ai pour les jeunes, je dirais que le premier défi c’est de lever une génération qui vibre vraiment pour l'Évangile.
Pour finir, quels sont les défis (au sens large) de l’Église en Guadeloupe, selon vous ? Notez-vous des différences avec l’Église de métropole que vous avez connue ? Comment prier pour les frères et sœurs sur place ?
Selon moi, selon le cœur que j'ai pour les jeunes, je dirais que le premier défi c’est de lever une génération qui vibre vraiment pour l'Évangile. Lever une génération qui met l'Évangile au-dessus de tout. Ma prière est qu'il y ait un vent de l'Esprit qui souffle sur la Guadeloupe, qui d'une part nous fera prendre conscience du danger de Juge 2.10 :
« Toute cette génération alla rejoindre ses ancêtres, et après elle surgit une autre génération, qui ne connaissait pas l'Eternel ni ce qu'il avait fait en faveur d'Israël. » Et d'autre part, qui nous donnera la force, l'humilité et le courage de faire ce qu'il convient de faire. Je vous remercie pour vos prières. La tâche n'est pas aisée. Mais nous avons avec nous le Dieu de l'impossible.
Merci Harry pour votre temps. Nous prions pour que Dieu bénisse votre assemblée, le ministère qu’il vous a confié, ainsi que tous ses enfants de Guadeloupe.
> En savoir plus sur Propulsion : www.generation-propulsion.com/
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