Le monde est à portée de main grâce à Internet, mais pour évangéliser et accompagner la croissance spirituelle des nouveaux convertis, cela ne suffit pas. Une incarnation du témoignage de l'Évangile est plus que bienvenue.
[Article issu du magazine S'IMMERGER #24]
On estime à 20 000 par heure le nombre de personnes nouvellement initiées à Internet dans le monde, portant à près de 4.5 milliards le nombre d’internautes actuels. Les progrès technologiques permettent quant à eux des avancées impressionnantes en termes de possibilités d’utilisation (le métaverse en est la dernière tendance). Ce n’est alors pas étonnant de constater l’essor de ministères d’évangélisation en ligne depuis quelques années. Ceux-ci ont pu atteindre des communautés géographiquement éloignées. Mais est-ce réaliste d’imaginer faire des disciples de Jésus-Christ à distance uniquement ?
Les modèles développés visent à se rendre visible auprès du plus grand nombre. Certains médias chrétiens ont des statistiques impressionnantes. La qualité des contenus développés en ferait parfois pâlir les mass médias internationaux. Mais justement, ce modèle quantitatif n’est pas suffisant pour viser l’accomplissement de la mission de faire des disciples de Christ parmi toutes les nations.
1)
Premièrement, parce que même si la langue utilisée par le média est largement répandue dans le monde (anglais, français, espagnol…), de nombreux peuples ne sont pas touchés dans leur langue de cœur. Et leur compréhension de l’Évangile s’en trouve automatiquement réduite.
2)
Deuxièmement, parce que le message est unique pour tous et souvent teinté d’occidentalisme. Outre la langue, il ne tient pas compte des spécificités de chaque communauté – son arrière-plan religieux, sa culture et son mode de vie, sa réalité socio-économique. Il y a une sorte de déconnexion vis-à-vis de la réalité vécue par différents peuples.
3)
Troisièmement, parce que le contenu visionné/écouté est un bon début, mais pas suffisant dans un cheminement personnel vers la conversion et l’enracinement dans la foi. Seule une minorité des personnes confrontées à ces contenus d’évangélisation voudront en savoir plus, mais outre des chatbots (messageries automatisées), il n’y a, bien souvent, pas de suivi relationnel mis en place.
Enfin, parce que le message est désincarné. Et que même s’il y a un suivi à distance, il n’y a pas d'incarnation. Jésus est le modèle d’incarnation suprême. Il a quitté son trône pour prendre littéralement la forme humaine. Il a vécu dans un contexte qui n’était pas le sien pour nous rejoindre, nous annoncer la bonne nouvelle et la vivre de tout son être. Ses apôtres ont ensuite fait de même en témoins fidèles. L’incarnation est le cœur du message de l’Évangile et donne un écho plus profond à celui-ci.
L’exemple d’Hufane (voir magazine 24) est intéressant car son parcours allie l’exposition à un message de masse, un contact individualisé, et un suivi incarné et personnalisé là où il se trouve.
Alors oui, les médias peuvent contribuer à l'expansion du Royaume, mais pas seuls.
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